top of page

MAIS QUI EST DONC Ostreopsis ovata (Fukuyo, 1981)?!


Ostreopsis ovata est une microalgue que l'on rencontre dans les eaux chaudes généralement tropicales (Figure 1).

Figure 1: Colonie d'Ostreopsis ovata observée en microscopie optique (Source: http://www.meteoweb.eu)

Elle a fait son apparition en Méditerranée au grand dam des baigneurs et plongeurs et fait parler d'elle depuis une dizaine d'année. L' apport d'eaux de ballast transportées par les navires commerçants en provenance des tropiques en Méditerranée, a permis à cette microalgue de se développer sous nos latitudes qui y trouve un environnement favorable (eaux relativement chaudes et climat méditerranéen). Bien qu'elle soit invisible à l'œil nu (de 47 à 55 µm de long [1] soit plus petit qu’un grain de sable), ses effets se font néanmoins sentir notamment lorsque cette espèce se développe en grande quantité. En effet, des conditions environnementales favorables provoquent ce que l'on appelle des efflorescences ou bloom (correspondant à des pullulations) (Figure 2). 

Figure 2: Bloom d'Ostreosis ovata (Source: http://www.ramoge.org)

Les Ostreopsis produisent plusieurs types de toxines dont certaines sont très proches de la palytoxine et de ses analogues. Cette famille de toxine est notamment produite par le corail mou du genre Palythoa, qui a d’ailleurs donné son nom à ces toxines. Ces palytoxines sont de puissants vasoconstricteurs (c’est-à-dire qu'ils provoquent la diminution du diamètre des vaisseaux sanguins) qui figurent avec les ciguatoxines (connue pour contaminer la chair des requins), parmi les toxines naturelles les plus dangereuses connues [2]. Ses effets se limitent habituellement à des symptômes de type grippal tels que fièvre, toux, nausées, rhume, conjonctivite et troubles respiratoires. Il est possible d'être contaminé même sans avoir été en contact avec l'eau car il suffit d’inhaler les gouttelettes transportées par le vent pour que les symptômes se manifestent.  

En juillet 2005, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) précise que les palytoxines sont susceptibles de se bioaccumuler au cours de leur transfert dans la chaîne alimentaire [3]. Cela signifie qu'aussi petite soit cette algue, on peut la retrouver bien vivante dans la chair des organismes se trouvant plus haut dans la chaîne alimentaire.

D'après le chercheur S. Taniyama, Ostreopsis ovata est à l’origine de la palytoxine analysée dans la chair du poisson perroquet Scarus ovifrons (Figure 3), situé lui en fin de chaîne alimentaire [4]. D’autant plus que sa chair tendre, est très appréciée des habitants des Antilles, qui risques des troubles digestifs (nausées, vomissements et diarrhée), neurologiques (vertiges, confusions chaud/froid, paralysies etc.) et cardio-vasculaire (bradycardie, hypotension artérielle) en la consommant.   

Figure 3: Le poisson perroquet Scarus ovrifrons et son petit regard malicieux! (Source:https://fr.wikipedia.org)

Mais n'ayez crainte! Ce n'est pas parce que le risque d'être contaminé n'est pas nul qu'il faut s'empêcher de profiter de notre belle bleue! En 2007, la DGS (Direction Générale de la Santé) a décidé de mettre en œuvre un dispositif associant une surveillance épidémiologique et environnementale, ainsi qu’une gestion préventive du risque lié à la présence d’Ostreopsis ovata. La surveillance balnéaire a été associée à des actions de recherche notamment sur le risque toxique alimentaire entraîné par bioaccumulation de palytoxine et ses dérivés dans les produits de la mer fortement consommés dans notre région et particulièrement les oursins. 

Ce dispositif couvre les 9 départements du littoral méditerranéen et fait intervenir des partenaires tels que l'IFREMER (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer), le Centre anti-poison de Marseille, les ARS (Agence Régionale de Santé), les services communaux d’hygiène et de santé et les Cire Sud-Est et Languedoc-Roussillon.  

Enfin, même si des blooms d'Ostreopsis ont été observés, les symptômes constatés chez  les  baigneurs  sont  restés  bénins. Sur les côtes du nord de la Méditerranée, elle rentrerait en compétition avec d'autres microalgues empêchant ainsi sa prolifération et aucune  situation  d’exposition  collective  à  des embruns marins contaminés par Ostreopsis n’a été rencontrée,  et  aucune  apparition  de  pathologies respiratoires fébriles collectives n’a été observée.


Sources et références:


Ouvrages/publications :


[1] Goulletquer P. (2016). Guide des organismes exotiques marins. Edition Belin. 

[2]Kermarec F., Dor F., Armengaud A., Charlet F., Kantin R., Sauzade D., De Haro L. (2008). Health risks related to Ostreopsis ovata in recreational waters. Environnement, Risques & Santé  VoluMe 7 (5) : Pages 357-363  

[3] Lenoir S., Hossen V. (2005). Note concernant des informations relatives aux palytoxines et à ses analogues.  

[4] Taniyama S., Arakawa O., Terada M. et al (2003). Ostreopsis sp., a possible origin of palytoxin (PTX) in parrotfish Scarus ovifrons. Toxicon 2003 Jul;42(1):29-33.  

Sites internet :

http://www.astrium.com/espace-medecins/fiches-maladies/ciguatera.html 

http://www.ramoge.org/fr/ostreopsis_ovata.aspx 

http://www.ars.paca.sante.fr 

Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Pas encore de mots-clés.
bottom of page